Renvoi aux 22
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Janvier 2015 :
Chauffeur de bus
Grosses bises à vous toutes, je serre la pogne aux autres. Bona annada bona chanta pour 2015, esprit rugby esprit Charlie.
En ce troisième et dernier dimanche de chasse aux chevreuils, de nombreux joueurs-chasseurs sont, on se demande bien pourquoi, absents. En conséquence nous ne sommes pas très nombreux au départ de NEUVIC pour ce déplacement à LAGRAULIERE.
On compte, on scrute l’accès au stade mais, il faut se rendre à l’évidence nous sommes que neuf en équipe réserve. Deux solutions déclarer forfait ou jouer.
Le règlement stipule : pour accéder aux phases finales du championnat de France en fin de saison, il faut aligner, tout au long de la saison, une équipe junior ou réserve compétitive.
L’arbitre s’impatiente. Voyant notre désarroi, Monmon (Jean-Pierre Rivière), notre soigneur, se propose pour faire le dixième, le chauffeur de bus dit « je peux jouer moi aussi ? ! ».
Deux de plus, on est onze, chiche on joue !
Il faut trouver shorts, chaussettes, crampons pour vêtir nos deux amis.
Avec Monmon : un short trop grand, un maillot démesuré, des chaussettes en accordéon sur des tennis Stan Smith (nous n’avons pas trouvé une paire de crampons à sa pointure).Il ressemble plus à un épouvantail qu’à un joueur de rugby.
Notre chauffeur : un titi parisien trentenaire, cheveux longs, un peu bedonnant, vêtu d’un tee-shirt de Jimmy Hendrix d’un perfecto et de santiagues prétend d’avoir joué au Racing en junior.
Connaissant les exigences du père Leroux président du Racing Club de France de l’époque, je doute que notre Jimmy (référence au tee-shirt) ait porté un jour les couleurs ciel et blanc. Pour lui, vu le gabarit, l’équipement n’a pas posé de problème.
Formation de l’équipe :
Une première ligne d’expérience complète, 2 piliers et un talonneur.
Un deuxième ligne : un garde mobile de la caserne de gendarmerie d’Ussel 2.05 mètres et 135 kilos. Qui saute en touche de la hauteur de ses crampons.
Notre nouveau partenaire du RCF couvrant les postes de toute la troisième ligne.
Et voilà notre paquet d’avants : soit 5 joueurs.
Une charnière : Demi-mêlée Monmon en baskets, les lunettes fixées avec du sparadrap sur la tête pour ne pas les perdre et surtout pour voir le jeu.
A l’ouverture, capitaine et butteur mézigue fier d’avoir joué un tel match.
Dans les lignes arrières, quatre joueurs : deux ailiers-arrière en même temps, rapides et adroits, et deux 3/4 centre solides en défense bien emmenés par l’expérimenté Gustou.
Avec ce onze aussi complet il ne peut rien nous arriver !
En touche, en plus de nos ballons Bibi, (surnom de notre flic) sa taille et l’amplitude de ses bras, confisque la presque totalité de ceux de nos adversaires. Par le talent et la vivacité de notre talon nous faisons plus que jeu égal en mêlées fermées.
Jimmy, notre Racingman a de beaux restes. Un placement sur le terrain et des placages agressifs témoignent de bon niveau de son passage chez les juniors. Sur les points chauds où il faut montrer les muscles et faire péter la testostérone, il ne s’échappe pas.
Monmon filou et rusé assure l’essentiel.
Les centres se défoncent en défense. Ailiers-arrières couvrent bien le terrain. Ce n’est pas par les transformations et les coups pieds de pénalités, même des 22 en face, que je fais gagner l’équipe. Mais c’est surtout la maladresse et le manque d’inspiration de nos adversaires.
Bibi et moi sommes également remplaçants pour le match suivant avec l’équipe première. Nous n’avons pas pu chanter sous la douche avec nos potes et surtout participer à la joie de Monmon, qui jouait là son 1er match de rugby et le gagnait. C’est surement un des plus grand souvenir de sa carrière.
Imagine dans une carrière tu joues, une fois avec des internationaux, une autre fois avec un équipier improbable, plutôt baba, fan de Jimmy Hendrix depuis 69 après avoir assisté au concert de l’île de Wight et aussi avec ce 3/4 aile natif de Maraussan admirateur de RAOUL du grand Béziers, toujours propre sur lui (surtout en fin de match) et inconditionnel de Michel Sardou.
PS : raconte moi une histoire et……………………………………..
Jean Pierre VACHER
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Décembre 2014 :
Plaidoyer pour JiPé
Dans une précédente anecdote JiPé nous relatait un souvenir important survenu lors de sa jeunesse rugbystique : Avoir participé à un match au stade de Colombes en 1969 aux côtés de Gachassin.
Vous avez été nombreux à mettre sa parole en doute : « Dans cette rubrique vous racontez et écrivez n'importe quoi ! Tout est inventé ! Rien n'est vrai ! Que des bobards ! »
Bon, vous connaissez tous JiPé, ce n'est pas quelqu'un qui raconte des bêtises, il est vrai que parfois il en écrit ; et donc, pour lever la moindre contestation et par esprit de neutralité, il m'a demandé de rechercher des témoignages probants sur ce fameux match.
J'ai réussi à contacter Robert Baran (rédacteur en chef de Miroir Sprint, spécialiste du Rugby et ancien champion de France avec Toulouse). Celui-ci m'a fait parvenir deux documents qu'il gardait précieusement dans ses archives. Il s'agit de la photo d'une attaque et son commentaire d'une action décisive.
Sur la photo on reconnaît bien Gachassin (Peter Pan) à la relance suivi de la meute : Crauste (le Mongol), JiPé bien sûr, et Dauga (le Grand Ferré). Quelle fière allure, n'est-ce pas ?
Quant à son commentaire je vous le livre tel qu'il est paru dans le journal :
« Sur un renvoi aux 22 en apparence normal, Crauste récupère le ballon qui vole ensuite de main en main pour aboutir à un recentrage au pied de l'ailier prolongé de trois charges des avants. Un point de fixation prés des 22 adverses, puis la balle fuse du bout des doigts du demi de mêlée au profit de Gachassin qui, des 30 mètres, tente le drop-goal ; le ballon rebondit d'un poteau vers l'intérieur, l'étincelle JiPé jaillit, s'en saisit au nez et à la barbe des adversaires, après un raffut et un contre-pied il aplatit entre les perches. Gachassin transforme. Quel essai ! Quel spectacle ! »
Intarissable sur ce match d'anthologie Robert Baran ajouta :
« Prés de moi dans la tribune de presse se trouvait Roger Couderc qui commentait le match pour la TV. Avec sa verve habituelle qu'on lui connaissait tous, il encourageait les joueurs et en particulier un jeune talentueux : « Vas-y petit ! Ça c'est du Rugby ! ». Ce jeune joueur... c'était JiPé !
J'avais remarqué également dans les travées la présence d'un chanteur de Castelsarrasin très enthousiaste. Il s'agissait de Pierre Perret. J'ai su par la suite que cette rencontre lui avait inspiré une nouvelle chanson truculente dont voici quelques paroles » :
« Vers la fin de la 2ème mi-temps
Il restait que quelques combattants
Y'avait Dauga et Gachassin
JiPé et son cousin
les champions de l'ovale
les rois de la baballe
Vive le XV ! Vive le XV !»
Et si après tout ça certains ne sont pas encore convaincus, ils peuvent toujours aller demander aux quelques 30 000 spectateurs du stade de Colombes qui ce jour là ont véritablement apprécié JiPé dans un match vraiment inoubliable...
Henri BARTHES
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Novembre 2014 :
En tronche !
A notre époque, dans les années 70, s’il y avait une phase de jeu primordiale c’était bien la mêlée !
Il était impensable de perdre le ballon sur notre introduction. L’honneur du paquet d’avant en dépendait. On parlait plus souvent, des ballons perdus ou gagnés en mêlée que ceux égarés ça et là en cours de partie.
Il se passait toujours quelque chose en mêlée, et c’est encore le cas aujourd’hui.
Il y a de l’animalier en mêlée : Ne parle t’on pas d’attelage, de joug. Pour les piliers on dit d’eux, fort comme un bœuf, un cou de taureau .Pour le talonneur, rusé comme un renard, agile comme un singe. Il faut être souple pour aller chercher les ballons dans les pieds de la seconde ligne adverse.
Mais aussi de la géométrie, on appelle cette phase de jeu le talonnage en trapèze. C’est peut être pour compenser la position en équerre dans les mêlées, que tu les retrouves en troisième mi-temps à la verticale au bar face au comptoir et parfois à l’horizontale en fin de soirée …..
Un mot sur la touche : elle est effectuée par les 3/4 ailes d’un lancé approximatif au milieu de la haie de joueurs. Le geste, d’une seule main, tel un enroulé de basketteur atterrit là ou l’on ne l’attend pas, cela dégénérait régulièrement, à notre époque, par une jolie foire d’empoigne.
Tout ça, pour te parler du déplacement à Naves le leader de la poule. Pour ce match nous étions privés de notre talonneur victime d’une entorse à la cheville.
En effectif réduit, peut être 25 joueurs pour toute la saison sans équipe réserve. Les 15 joueurs qui commençaient la partie, la terminaient même sur une jambe ou avec une épaule en vrac. La fameuse éponge magique faisait très souvent des miracles. Dans la boite à pharmacie, il n’y avait que de l’huile camphrée et de la pommade Dolpic. Malheur à celui qui après s’être bien enduit les jambes de pommade pissait ou se frottait les yeux.
Faute de talonneur donc, l’entraineur, dans l’embarras, décide de former la première ligne avec trois piliers. La consigne de jeu : « On pousse toutes les mêlées, même sur notre introduction. »
Pour affronter le premier de la poule mettre 30 kilos de plus dans le paquet d’avant n’était pas négligeable. Toutes les mêlées furent âprement disputées. L’expérience fut tellement positive que quelques années plus tard elle fut copiée.
Jacques FOUROUX alors entraineur de l’équipe de France à l’occasion d’une tournée en Argentine mis en place le même système qu’il nomma la Bajita. Le mystère n’est toujours pas élucidé, le petit caporal était-il sur le bord de la touche à Naves? Comme nous n’avions pas posé un brevet, nous fûmes outrageusement copiés en toute impunité.
Nous avons gagné ce match d’un point après moult péripéties favorables.
Sur un essai inscrit par nos adversaires, le juge de touche heureux de voir son équipe marquait, saute de joie en brandissant son drapeau. Un peu loin de l’action et malgré les protestations de nos adversaires, l’essai est refusé pour passage en touche. Nous avons laissé passer l’orage, subit les compassassions arbitral.
Mais quand ça veut rire…. Nous marquons un essai, en fin de partie, complètement en coin, nous sommes plus qu’à un point. La transformation passe entre les barres Malgré la validation des 2 juges de touche, l’arbitre la refuse, elle est retapée. Et pan, belote, rebelote et dix de der ça passe à nouveau.
IMAGINE si l’autre ne nous avait pas fait sa danse de l’hymne à la joie, nous prenions peut être une bonne branlée.
Jean Pierre VACHER
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Octobre 2014 :
Des débuts vraiment difficiles, mais ...
Juillet 1966 : Grâce à la volonté de Roger BEYNETTE et de quelques nostalgiques, l'USN section rugby renaît après plus d'une décennie de sommeil,
Une nouvelle équipe, faite de bric et de broc, constituée un peu au hasard avec des éléments de tous niveaux, des très jeunes évoluant en clubs scolaires et des vieux grognards, qui n'ont ni remis les crampons, ni touché le ballon depuis plus de 10 ans ; voilà les 20 joueurs du renouveau neuvicois.
Une saison de championnat en série régionale du Comité du Limousin où NEUVIC se retrouve dans une poule particulièrement relevée avec quelques équipes fort redoutables : Racing Club de MAURIAC, Rugby Club d'UZERCHE, Rugby Club de LARCHE, Rugby Club de MALEMORT, BRIVE Olympique, Racing Club de TULLE...
Pour une reprise on ne peut pas rêver pire !
Plusieurs matchs amicaux décontractés, sans véritable enjeu, sont organisés durant l'été ; au cours de ces rencontres quelques « vedettes » de l'USN se mettent en valeur, certains friment pour épater les minettes venues sur le bord de touche (qui n'a pas vu Jean P. sortir le peigne de la poche du short et remettre la mèche en place ?) ou d'autres encore fument au moment des citrons...
Pour le premier match du championnat NEUVIC ira défier MAURIAC.
Par malchance ce dimanche est également jour d'ouverture de la chasse et donc « les tartarins » sont tous absents au départ du car de NEUVIC. L'équipe est composée à la va-vite, tant bien que mal pendant le voyage dans la descente tortueuse sur Saint Projet. Ce sont « 6 perdreaux de l'année », « 4 enfants de chœur » et « 5 bras cassés » qui se présentent au stade Jean Lavigne pour affronter les Auvergnats.
MAURIAC qui recrute large, de BORT jusqu'à AURILLAC, aligne ce jour là son équipe première !
Quelques vagues consignes sont données par les dirigeants neuvicois pour rassurer les joueurs très impressionnés par les gabarits monstrueux des mauriacois :
« Les grands ? Plus ils sont grands, plus ils tombent de haut ! »
« Les gros ? Plus ils sont gros, plus ils ont du mal à se relever ! »
Et ce sont quinze neuvicois motivés, mais conscients de leurs moyens, qui se jettent dans l'âpre bataille. L'enthousiasme du premier quart d'heure n'est qu'une illusion et la déroute qui s'ensuit est terrible pour les neuvicois : broyés en mêlée, balancés en touche, pris de vitesse derrière, piétinés dans les mauls, étouffés dans chaque regroupement, battus dans tous les domaines, sans parler des brutalités et des placages bien appuyés...
Totalement dépassée et complètement concassée l'équipe encaisse plus de 60 points !
Le retour à NEUVIC n'est vraiment pas glorieux.
Le lendemain la vitrine de la pharmacie Vignal affiche : « Rupture de stocks en pansements, compresses, bandes, mercurochrome, alcool 90°, synthol... », et le docteur Pradel réserve son après-midi de consultations aux joueurs de l'USN, pas malades mais tous bien fatigués et meurtris physiquement et au mental dans les chaussettes...
La saison, au fil des défaites et des branlées, est à l'image de cette rencontre !
En janvier, le premier match retour est bien sûr la réception de... MAURIAC.
La veille, Roger Beynette sonne le rassemblement des troupes, réunion générale de tous les joueurs, de tous les dirigeants, de tous les supporters. Rendez-vous au siège de l'USN à 17h.
Mais le Central est trop étroit, la réunion se tient place Gambetta et, du haut d'une estrade improvisée sur la fontaine, le Président dit gravement : « Au match aller ils nous ont humiliés !
Même pour ceux qui ne jouaient pas et pour les dirigeants et supporters, présents ou absents, l'humiliation est totale ! Vous devez redresser la crête ! Je veux de la révolte ! »
NEUVIC présente une équipe spécialement composée de joueurs aguerris et remontés comme des pendules (dont trois frères Pataud, Jeannot Brutus, Jojo Dubois...).
MAURIAC, le premier de poule, va être bien accueilli.
Sur le coup d'envoi, première générale, puis, nettement supérieur dans le jeu classique MAURIAC marque 2 essais, 10/0 à la mi-temps. C'est déjà sévère !
L'arbitre de touche et le soigneur mauriacois, copieusement invectivés, conspués, menacés par les supporters, ne reviennent pas sur le terrain de peur de se faire lyncher.
A l'heure de jeu, 2 autres essais, 20/0. Cette fois s'en est trop !
Les mauriacois sont invités à descendre dans la tranchée où ils vont subir la rage et la férocité du combat, un véritable enfer, tout le monde s'en mêle, le terrain est envahi, la castagne est générale, tout vole, les gnons, les marrons, les crampons...,
L'arbitre, sitôt sifflée la fin anticipée du match, s'enfuit en courant, suivi des joueurs de MAURIAC, poursuivis par les joueurs de NEUVIC, et dans les vestiaires... rebelote !
2 rapports sont établis (arbitre et RC MAURIAC), certes, NEUVIC a perdu le match, NEUVIC est pénalisé, NEUVIC est relégué, mais NEUVIC est redouté dorénavant par toutes les équipes qui franchiront, la trouille au ventre, le portique d'entrée du stade Calary.
Dans son discours, qui clôture le banquet de fin de saison, le Président Beynette parle des valeurs du Rugby, de l'esprit de ce sport pas comme les autres, de la confiance et la solidarité retrouvées, du sens de l'accueil et de la convivialité...(!!!) Avec une grande émotion il conclut :
«Je suis fier de vous, l'honneur de l'USN est sauf !!! »
Et c'est debout et en chœur que tous les convives entonnent La Marseillaise !
Henri BARTHES
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Septembre 2014 :
L’année de mes 20 ans
Une rubrique de Midi Olympique, « le jour de leurs 20 ans » dans laquelle les joueurs du top 14, par exemple Jérôme Thion, Alexandre Bias … , expliquent au journaliste ce qui s’était passé pour eux ce jour là.
Pour moi, ce jour là je bossais.
Mais quelques semaines avant, j’étais à l’école de métiers EDF de Soissons dans l’Aisne. Où, en plus de ma formation je jouais au rugby en scolaire.
Pour le championnat d’académie junior, notre école avait présenté 2 équipes. Une avec les meilleurs joueurs qui espérait le titre, et une autre plus modeste pour permettre à tout le monde jouer. Moi, j’étais dans l’une ou dans l’autre au gré des effectifs. Et même si je n’ai pas joué la finale, nous avons remporté le titre de champion de l’académie d’Amiens sans opposition.
Notre prof de technique surnommé « Pigne » était, notre entraineur, le talonneur de l’équipe de Soissons qui évoluait en 3ième division, le camarade de promo de Michel Crauste capitaine de l’équipe de Lourdes et de l’équipe de France et son coéquipier de club Jean Gachassin. « Pigne » profite d’un match du tournoi des 5 nations pour organiser le lendemain de France Galles au stade de Colombe un match de propagande au stade municipale de Soissons.
Une rencontre entre Les juniors de Pau, champions de France emmenés par leur capitaine Robert Paparamborde et notre équipe renforcée par « pigne » et 2 Lourdais Crauste et Jean Gachassin, qui avait à l’époque 28 ans.
J’ai joué la seconde mi-temps comme ¾ centre avec, comme ouvreur le grand Jean Gachassin (1.62 m sous la toise). Je me souviens encore de ses conseils, « gamin tu me suis, tu plaques tout ce qui bouge…. ». Pour le suivre ça j’ai essayé…. Mais ses crochets et ses changements de directions imprévisibles m’ont fait courir aux 4 coins du terrain et après 2 ou 3 actions j’avais le tournis. Sur une phase de jeu lumineuse dont il a le secret je me retrouve à ses côtés. Et là sur une de ses passes, je marque le plus beau des essais du monde…. Malgré le renfort de nos Lourdais qui, entre nous soit dit, nous ont laissé toutes les taches obscures : les placages, les mêlées ouverte etc. nous avons pris une pris une bonne branlée.
C’était mon premier match devant un public nombreux et enthousiaste. Cet essai restera à jamais un souvenir indélébile et le sommet de ma modeste carrière rugbystique.
Imagine aujourd’hui, en plein championnat du TOP 14 deux internationaux (champions de France la saison précédente) venir jouer un match de gala avec une équipe scolaire, par pure amitié et complètement désintéressé.
Voici une photo que j’ai trouvé dans le dernier Midol magazine de l’équipe championne de France en 68
Jean Pierre VACHER
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Juin 2014 :
Un dur ! Un vrai !! Un tatoué !!!
Dernièrement quelques recherches aux Archives Départementales à Tulle m'ont amené à consulter un mensuel d'informations locales aujourd'huisupprimé :« NEUVIC demain ». Jacques CALMON en était le rédacteur. Sur le numéro 13 de novembre 1973 je tombe sur un article qui réveilla de nombreux souvenirs :
Le jeune PLAS, dont la rentrée en 1973 fut très remarquée, n'est autre que le père de deux excellents rugbymen actuels Julien et Thomas COMBEZOU.
Tel père, tels fils ! N'est-ce pas ?
Mais qui pouvait bien être le fameux BRINGAUD dont l'absence se faisait si cruellement ressentir au sein de l'USN ?
Je vais essayer de vous présenter, aussi fidèlement que possible, ce joueur tout simplement irremplaçable !!!
Très jeune, à Bort en 1961, il participa, sous les couleurs du CFA de Neuvic, au 1er Challenge JB. BRUN. Avec son équipe il finit 7ème/24, juste après les gros clubs régionaux : Clermont, Brive et Tulle qui alignaient chacun 2 équipes.
Déjà repéré en scolaire, Ussel s'empressa de le recruter afin de renforcer son pack.
Joueur talentueux à différents postes, il fut la vedette incontestée de l'USU durant plusieurs saisons.
C'est cependant à Neuvic que sa véritable carrière rugbystique se déroula. Fidèle à sa réputation, fallait le voir arriver le dimanche après-midi au stade Calary : bagnole sport, tenue sport (tout le monde se souvient du short à 3 bandes), look de star à faire pâmer les nanas, frimeur, flambeur, le mec quoi !
Ses qualités athlétiques étaient assez impressionnantes : oh ! pas très grand mais du solide, ses mains de vrais battoirs, une fois serrés ses poings ressemblaient à deux enclumes et quand ça tombait ça faisait mal ! Les adversaires savaient à quoi s'en tenir !
Techniquement très au-dessus de la moyenne, faisant parler sa puissance et causant de nombreux dommages dans les défenses adverses, il était intraitable en mêlée, doué de bonnes facultés de déplacement grâce à sa rapidité, attelé en 2ème ligne avec Claude PATAUD la touche était bien assurée. Ses plaquages désintégrants, un modèle du genre, ont fait école pendant longtemps. D'ailleurs, dernièrement, un certain CHABAL a voulu l'imiter. On remarquera que cet élève n'a jamais réussi à égaler la technique du maître.
Suivant les saisons il distribuait à l'envi, soit des poires ou des pruneaux, soit des marrons ou des châtaignes, on l'a même vu balancer des pastèques. Livraison toujours en direct, comme chez le primeur MAURIN chez qui il travaillait. Il jugeait le rôle de l'arbitre tellement superflu qu'il réglait les comptes sans intermédiaire ; cela lui valut maintes expulsions et suspensions des terrains, d'où son absence en ce début de saison 73-74...!
Pour les adversaires, la zone de sécurité autour de lui était au-delà de 10m, sinon !!!
Aucun autre joueur n'a été plus redouté sur un stade de Rugby, ...ni même expulsé !
Toujours content quand sur le terrain tombait la grêle et surtout lorsque c'était lui qui avait déclenché l'orage ! Avec un grand sourire, mais souvent avec le nez en sang, une dent en moins ou un cocard, il nous disait : « Putain les gars, je me régale, ça au moins c'est du rugby ! ».
A l'Épervier, CHABAN faisait souvent appel à lui lors des soirées un peu chaudes. Et là, n'entrait pas qui voulait ! D'autres sortaient plus vite que prévu !
Même Raoul, notre entraîneur, lui confiait la responsabilité de surveiller de très prés, veille de match important, les joueurs en virée à « l'Oiseau », alors que des consignes strictes (manger léger, pas d'alcool, se coucher tôt, surtout pas de fantaisies...) avaient été données lors du dernier échauffement. Raoul lui demandait de photographier, en douce, les contrevenants pris sur le fait. Heureusement pour nous, comme il n'avait pas lu la notice de l'appareil photo et qu'on lui planquait les « Magicubes », chaque photo était floue ou la tête manquait !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, en match, il n'a jamais marqué le moindre essai. Peut être par abnégation ou par principe...? Avait-il oublié de dételer la caravane...? Ou bien subissait-il une obstruction « involontaire » ou un croc-en-jambe de quelques partenaires mal intentionnés...? On n'en a jamais connu la raison exacte...
Il portait un tatouage impressionnant en un lieu que la décence et la morale nous interdisent de décrire...!
De tout temps il a été un supporter inconditionnel d'un club qui n'a jamais pu gagner le Bouclier de Brennus. Non non, pas l'ASM (qui a quand même réussi à remporter 1 titre sur 11 finales jouées... !) mais le CAB, 4 finales disputées, 4 finales perdues : 1 contre Agen, 1 contre Toulouse et 2 face au Grand Béziers (qui gagna 11 titres en 13 finales, excusez du peu !)
Ainsi, pendant près de 20 ans, pour le rugby neuvicois, il écuma tous les terrains de la région.
Plus tard, il se retrouva embarqué dans de sombres histoires politico-mafieuses qui lui valurent d'être, certes élu, mais aussi interdit de séjour dans de nombreux cantons et communes de Haute-Corrèze.
Sa tête fut même mise à prix, comme en témoigne cette affiche qui, pendant longtemps, placarda les murs de St Angel !
Il s'éclipsa quelques temps...
En Afrique du nord il aurait, parait-il, « visité » le bagne de Biribi !
A t-il fait de la prison ? Nul ne sait !
Paisible retraité, las de faire la fête, la bringue et la java, et ses activités politiques terminées, il se dit aujourd'hui « rangé des voitures ». Quelle drôle d'expression ?
Question voitures, on se souvient de lui lors des remontées tonitruantes de l'Avenue Carnot au volant de sa R8 Gordini et que dire alors de sa R16 à la mécanique très sommaire (absence de marche arrière, freinage inexistant, détecteur de pneu de tracteur défaillant...) ; mais au confort si particulier (couvre volant et housses en pure laine de mouton, sièges basculants, plafonnier tamisé et lumière noire, musique soft, du style Procol Harum, Polnareff, Nicole Croisille ou Clayderman...) : un vrai lupanar !
Si par crainte, sur les terrains de Rugby, les adversaires le dénommaient Bambino
(par référence à l'acteur Bud Spencer qui jouait la brute épaisse dans les films Trinita!!!), nous tous, par amitié et affection, nous l'avons toujours appelé Riri.
Henri BARTHES
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Mai 2014 :
L’entraîneur entraîné
Ce vendredi soir, préparation minutieuse du match très important de cette fin de saison.
En cas de victoire, première qualification pour les phases finales du championnat de France de série régionale. Ce serait inédit pour le club.
Seul jour où toute l’équipe est réunie. Rien n’est laissé au hasard des tours de terrain pour la condition physique mais sans excès. Séparation en deux groupes les avants sur une moitié de terrain pour les touches et mêlées, les arrières sur l’autre pour les lancements de jeu. Puis rassemblement de l’équipe pour mettre au point trois ou quatre combinaisons. Avant la douche, réunion, au bord de la touche où l’éclairage est le meilleur, pour responsabiliser chaque joueur sur l’importance du match de dimanche.
Mais samedi soir nous sommes quelques uns, célibataires à n’avoir pas respecté les consignes draconiennes dictées haut et fort la veille par tous les dirigeants.
Comme très souvent nous nous retrouvons à “l’oiseau“ à ST ANGEL.
Quelle fut notre surprise de voir débarquer dans la discothèque RAOUL (surnom donnait à notre entraineur). Pourquoi RAOUL ? RAOUL BARRIERE était le sorcier du grand BEZIERS des années 70.
Sa motivation de nous gauler avait dépassé sa radinerie légendaire. Il était connu pour avoir « l’arfeuille en peau d’hérisson ».
Tout de suite pris en main par nos copines de l époque, il n’a pas eu le temps de nous dire le but de sa visite. Ce qui nous a évité une remontée de bretelles.
ADELINE, plus connue du sobriquet (la rota), qui faisait des études d’Anglais, eu cette phrase magique, qui reste encore dans les annales «cool Raoul».
Payant à boire à tous, dansant comme fou sur la piste, il n’y avait plus de match plus de qualification plus d’ANNA restée à la maison avec les enfants.
Sur la musique de PROCOL HARUM et sa chanson A WHITER SHADE OF PALE .Y a-t-il eu entrave au règlement : est ce qu’embrasser c’est tromper ?
.Question que l’on n’a jamais osé poser à ANNA.
C’est, sur une Marseillaise entonnée au coin du bar que la soirée se termine.
La qualification en poche et un parcours honorable en phase finale du championnat de France, cette soirée mémorable resta un secret entre nous.
Imagine si l’on avait perdu le match………
Jean Pierre VACHER
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Avril 2014 :
Il descendait de la montagne à cheval !
Franchir la Dordogne pour s'en aller affronter les « cantalous » n'était jamais anodin.
Une fois le pont de Saint-Projet traversé, en ce territoire inconnu et donc hostile, l'incertitude se mélangeait à la crainte !
Ce dimanche d'automne, destination Saint-Cernin, 900m d'altitude ; c'est dire si nous, les Neuvicois, faisons figure de gars de la plaine avec nos 637m Place de la Mairie.
Nous arrivons tout là-haut sur le plateau, au stade du Moulin à Vent, balayé par le blizzard venant du Puy Mary. Là, comme par hasard, le car s'arrête juste en face d'un panneau de bienvenue :
VIJITEURS CHALUT !
Ichich'estChaint-Chernin.
Vous richquez de vous en chouvenir
Car, et ch'esthélach pour vous,
Churchechtadechà va faire du vilain :
Che match cherachûrement votre pire !
Ichi nous chommes chez nous !!!
En effet, nous sommes accueillis par les gars du coin, excités comme un troupeau de Salers qui descend de l'estive. On se fraie péniblement un passage entre deux files rapprochées. On nous raille et invective par des quolibets bien différents de chez nous. Quelques tapes « amicales » et bousculades nous accompagnent jusqu'aux vestiaires. Ils appellent ça « la haie d'honneur » !!!
Une double question se pose alors : Où sommes-nous tombés et quelle langue parlent-ils donc?
Nous pensons être un peu à l'abri dans le couloir des vestiaires lorsque s'approchant de nous, un costaud hirsute nous annonce : « Ichi, on ouvre les portes comme chà ! ». Et, d'un coup de boule énorme, il démolit à moitié la porte de son vestiaire !
Nullement impressionné Bernard Malagnoux lui rétorque : « Chez nous, c'est comme ça ! ».
Il saisit la poignée, pousse tranquillement la porte et entre dans le vestiaire neuvicois...
Sous les huées la partie s'engage, rude au début (une bonne générale remet les choses en place!), puis le match reste à peu près correct, l'USN domine, le score enfle... Soudain, lors d'un plaquage, le talonneur de St Cernin (le fameux costaud hirsute) percute en tombant une gentiane. Celle-ci ressemble étrangement à la godasse, pointure 47, de Bernard Pataud.
Pour une fois l'éponge magique n'a pas suffit et, la mâchoire fracturée, il doit quitter le terrain.
Neuvic gagne le match 25 à 12.
Après quelques soins prodigués par un rebouteux improvisé, le talonneur de St Cernin est reparti dans son buron, au milieu des pâturages, près du col de Legal.
Au printemps, pour le match retour à Neuvic on ne le vit pas.
Il n'a pu, paraît-il, pendant quatre mois, manger que de la truffade.
On pense plutôt qu'il a eu surtout peur de traverser la Dordogne... !!!
Henri BARTHES
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Mars 2014 :
Crocs de boucher
Ce rugby des années 70, joué dans des prés où les vaches servaient de tondeuse. Le matin des matchs, il y avait les ramasseurs de bouses, munies de deux seaux l’un pour le ramassage de la bouse et l’autre rempli de sable pour masquer au mieux les résidus. La collecte était reversée dans l’embut derrière les poteaux où l’herbe était grasse et bien verte.
Les vestiaires souvent le garage d’un dirigeant à proximité du stade. Mais, le pompon revient à cette petite bourgade du Lot, réputée pour ses conserves de fruits. Pour vestiaire une ancienne cabine de camion servant au transport de carcasses de viande. Elle était posée à même le sol, à la limite du terrain, à coté d’hypothétiques tribunes. A l’intérieure des crocs de boucher servaient de portes manteaux pour accrocher nos vêtements. Les portes arrières avaient supprimées, c’est à l’air libre, et à la vue de toutes et tous que l’on se changeaient.
Les douches étaient collectives mais un manque d’eau chaude, envoyait quelques eux d’entre nous chez l’habitant. Ce jour là ce fut mon cas. Un dirigeant de l’équipe adverse me dépose chez lui, où je suis accueilli par son épouse, qui avait « de l’esprit et de la conversation ». Derrière le rideau transparent la douche dans le sous sol, je me sentais espionné.
_ Vous avez tout ce qu’il vous faut, vous n’avez pas besoin de shampooing ?
_ Non merci. Je répondis timidement.
Un vague coup d’œil pour vérifier si la voie est libre, j’enfile mon éminence, mon pantalon et ma chemisette, et je m’enfuis rejoindre mes coéquipiers.
Imagine si je n’avas pas eu de shampooing ? ……..
Jean Pierre VACHER
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